En Ukraine, on fête la naissance de Jésus bien avant Noël, mais le point d’orgue est le repas du 6 janvier au soir (voir ci-dessous l’explication au sujet de la différence de calendriers en fonction des églises), le « repas saint » (Sviata vetchera) qui ne doit contenir aucune viande ni produit laitier.
Pour dresser la table, on dépose d’abord de la paille ou du foin pour représenter l’endroit où l’enfant Jésus fût couché.
Ensuite, deux nappes sont souvent superposées, une pour les vivants, l’autre pour les ancêtres décédés. Un couvert pour l’âme des morts bien-aimés est rajouté.
Chez certains Houtsouls* on allume de la résine que le maître de maison promène trois fois autour de la pièce contre les mauvais esprits.
Le repas peut commencer à l’apparition de la première étoile dans le ciel (symbolisant l’étoile qui indiqua la direction de Bethlehem aux rois mages).
On pose sur la table une gerbe de blé (Didukh) qui représente les ancêtres de la famille.
On apporte en premier lieu aux animaux de l’étable une double ration de nourriture afin de les remercier de leur rôle, réchauffant l’enfant et lui laissant leur mangeoire comme berceau (c’est la raison principale du menu sans viande).
Le repas commence par une prière se terminant par « Khrystos rodyvsya! » (Jésus est né) l’assistance répond par « Slavite yoho! » (glorifiez-le).
Avant de manger les douze plats, du nombre des apôtres, on dépose de la Koutia (mélange de blé, pavot, noix et miel) sur la fenêtre pour les anges.
Cette même Koutia est le premier plat consommé, elle symbolise la prospérité.
D’après une vieille tradition on lance une cuillère de cette dernière au plafond, si elle y reste collée cela sera une bonne année. De nos jours cette coutume populaire a tendance à se perdre.
Toute la journée durant, les enfants se succèdent passant de maisons en maisons pour chanter des « Koliady » (chants de Noël), ils reçoivent en récompense un peu d’argent. Certains de ces enfants sont déguisés en rois mages.
Dans la soirée c’est au tour des plus grands qui forment des chorales de passer dans les foyers.
Dans certains villages, le lendemain matin après la messe, le prêtre bénit des orchestres qui passeront également de maisons en maisons.
Ces « Koliady » prennent fin le 13 janvier au matin, elles laissent place à la Malanka (mot qui vient du prénom Mélanie, fête du nouvel an).
Différence de calendriers.
Actuellement, pour les fêtes religieuses, les Ukrainiens se basent encore sur le calendrier Julien, en opposition au calendrier Grégorien.
Dans un premier temps, Jules César demande à ses astronomes de « recaler » l’année calendaire à l’année solaire. Naît alors le calendrier portant son nom.
N’étant pas parfait, en 1582 le pape Grégoire XIII décide de faire faire un réajustement, un décalage de dix jours apparaît (aujourd’hui treize jours).
Mais en 1054, il y eut le grand schisme entre l’Eglise de Rome d’un côté et l’Eglise orthodoxe et gréco-catholique de l’autre.
C’est ainsi qu’au XVIeme siècle seule l’Eglise de Rome modifia son calendrier.
Actuellement ce décalage se traduit par des dates de fêtes religieuses différentes suivant les églises.
C’est pour cette raison qu’en Ukraine, Noël est fêté le 7 janvier et le nouvel an le 14.
(*) Habitants d’une partie des Carpates ukrainiennes.