Soatanana, la ville des hommes en blanc
Au cœur de Madagascar, à une heure de route de Fianarantsao en pays Betsileo (l’une des dix huit ethnies officielles de l’île), nous arrivons au bout d’une piste accidentée dans le village de Soatanana (belle ville, en malgache). Ici se trouve le centre historique d’une communauté religieuse appelée Fifohazana « le Réveil des Apôtres de Dieu ». Ces apôtres protestants fondamentalistes sont habillés en blanc de pied en cape tout au long de l’année, y compris lors des travaux aux champs. Ils vivent de la riziculture et de la culture du géranium.
Le village a été surnommé à la fin du XIXeme siècle par son fondateur Rainisoalambo LA NOUVELLE JERUSALEM.
Cette communauté a ceci de singulier qu’elle ressemble étrangement à un communisme religieux (étonnant paradoxe). Comme écrit la sociologue Lucile Jacquier-Dubourdieu (chargée de recherche au ministère de l’Agriculture à Madagascar puis à l’Institut de recherche pour le développement) :
« Soatanana est basée sur une économie collective très structurée. Toutes les ressources financières sont centralisées par le conseil des anciens, qui gère les fonds pour le bien de tous. La communauté possède ainsi son propre taxi-brousse, son lycée privé et son dispensaire ainsi qu’un système de prise en charge des malades et des anciens. »
Comme partout dans l’île, nous nous dirigeons vers la personne afin d’obtenir l’autorisation de partager un peu de leur quotidien et de le photographier. Et là, nous sommes stupéfait d’être reçu solennellement par Dada Ravita Petera le Président (tel est son attribut) de cette communauté, son épouse et le conseil des sages, rien que ça !
Au bas de la bâtisse de la « présidence » d’autres disciples chantent, d’ailleurs, ils chanteront tout au long de notre séjour, du matin au soir, pendant nos repas, gracieusement offerts, après qu’ils ne nous aient lavé les pieds ! Rituel du dimanche, le jour de notre arrivée. Leurs chants sont magnifiques (en fait des prières) entre les chants bulgares et les polyphonies corses.
Leurs préceptes : l’amour du prochain, l’humilité, l’accueil, la charité, le repentir.
Sans tarder, « le christ ne peut attendre » nous dit on, nous partons en cortège à la messe, mêlés à cette marée blanche traversant tout le village d’un pas rapide… en chantant !